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  • JACQUES PREVERT:

    Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout
    Contre les portes de la nuit
    Et les passants qui passent les désignent du doigt
    Mais les enfants qui s'aiment
    Ne sont là pour personne
    Et c'est seulement leur ombre
    Qui tremble dans la nuit
    Excitant la rage des passants
    Leur rage, leur mépris, leurs rires et leur envie
    Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
    Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
    Bien plus haut que le jour
    Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour.


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  • J'aime  ce sillage, j'aime ce mirage,

    Dans mon coeur d'enfant,les émotions parlent.

    Rien n'est lourd tout tout se fond,

    Dans les limbes claires de l'heureuse joie,

    Vivre être là attendant l'amour et ses doux rivages.

    Et puis s'endormir dans ces douceurs pâles.

    Et les pieds légers font de petits ronds,

    Dans l'air léger parsemé de toi!

    Le parfum des fleurs,

    L'or des feuilles d'automne,

    Le soleil qui meurt,

    La blanche neige des bonhommes,

    Font de cette ronde celle de la vie!

    MARIE


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  • Le vin des amants

    AUJOURD'HUI l'espace est splendide!
    Sans mors, sans éperons, sans bride,
    Partons à cheval sur le vin
    Pour un ciel féerique et divin!

    Comme deux anges que torture
    Une implacable calenture,
    Dans le bleu cristal du matin
    Suivons le mirage lointain!

    Mollement balancés sur l'aile 
    Du tourbillon intelligent, 
    Dans un délire parallèle,

    Ma sœur, côte à côte nageant, 
    Nous fuirons sans repos ni trêves 
    Vers le paradis de mes rêves!


    Baudelaire, Les fleurs du mal   XCVII


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  • Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
    D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
    Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
    Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

    Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
    Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
    Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
    Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

    Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l'ignore.
    Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
    Comme ceux des aimés que la Vie exila.

    Son regard est pareil au regard des statues,
    Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
    L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

    VERLAINE.


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