• Le vin des amants

    AUJOURD'HUI l'espace est splendide!
    Sans mors, sans éperons, sans bride,
    Partons à cheval sur le vin
    Pour un ciel féerique et divin!

    Comme deux anges que torture
    Une implacable calenture,
    Dans le bleu cristal du matin
    Suivons le mirage lointain!

    Mollement balancés sur l'aile 
    Du tourbillon intelligent, 
    Dans un délire parallèle,

    Ma sœur, côte à côte nageant, 
    Nous fuirons sans repos ni trêves 
    Vers le paradis de mes rêves!


    Baudelaire, Les fleurs du mal   XCVII


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  • Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
    D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
    Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
    Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

    Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
    Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
    Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
    Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

    Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l'ignore.
    Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
    Comme ceux des aimés que la Vie exila.

    Son regard est pareil au regard des statues,
    Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
    L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

    VERLAINE.


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  • Bonne et Heureuse Année 2005 !

    AU GUI L'AN NEUF !

     

    Un an de plus s'achève et s'inscrit dans l'histoire,

    Nous laissant le souci d'amortir son passif ;

    Pour douze mois tout neufs nous frettons notre esquif,

    Repeint d'espoir, comme toujours aléatoire.

     

    Nos Maîtres, il est vrai, dans leur laboratoire

    Ont forgé cette fois un contrat collectif,

    Dûment standardisé, complet, définitif

    Qui nous dispensera la joie obligatoire.

     

    Les temps sont révolus : ce bonheur dirigé

    Vient enfin remplacer l'absurde préjugé

    De l'homme simplement heureux dans sa chaumière.

     

    Le progrès chaque jour crée un nouveau besoin

    Dont la foule aussitôt doit être prisonnière :

    Elle exprime sa joie en lui montrant le poing.

    Auteur Anonyme.

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  • Nuit douce, nuit caline,

    Près de ton lit l'aubépine,

    A gelé en cristaux de diamant,

    Et dans ta main bleuie, il y a du sang.

     

    Tout est figé dans l'instant,

    Et le froid si pénétrant,

    A raidi l'édredon de plumes.

    Au loin s'étend la brûme!

     

    Tu es partie dans la nuit,

    Sans faire le moindre bruit.

    Le voleur d'âme est venu te chercher,

    Il t'a sourit et dans les limbes tu t'en es allée,

    Chercher la paix!

    Marie.


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