• Sans un mot,

    Sans un mot ,il le faut,

    Sans un regard, sans histoire,

    Mes larmes coulent, s'écoulent,

    Rien ne passe,tout me lasse.


    Tout est ailleurs, pour mon malheur,

    Jeunesse enfuit,comme la vie,

    Mon rire est mort, juste à l'aurore,

    Pas un bruit,c'est la nuit.

    Dans les rigueurs, de mon hiver,

    Tombe la pluie, sans un abrit,

    Pour abriter mon coeur meurtri!

    MARIE.

    (Tableau de Marie Barshkirtseff)


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  • "Nous Deux" (1951)

    Nous deux nous tenant par la main
    Nous nous croyons partout chez nous
    Sous l'arbre doux sous le ciel noir
    Sous tous les toits au coin du feu
    Dan la rue vide en plein soleil
    Auprès des sages et des fous
    Parmi les enfants et les grands
    L'amour n'a rien de mystérieux
    Nous sommes l'évidence même
    Les amoureux se croient chez nous.
    Paul Eluard.

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    PABLO NERUDA


     


    Tu ne ressembles à personne depuis que je t'aime.
    Laisse-moi t'étendre parmi les guirlandes jaunes. 
    Qui inscrit ton nom avec des lettres
    de fumée parmi les étoiles du Sud ?
    Ah laisse-moi me souvenir comment
    tu étais alors, quand tu n'existais pas encore. [...] 
    Maintenant, maintenant aussi, petite,
    tu m'apportes du chèvrefeuille, 
    et jusqu'à tes seins en sont parfumés.
    Pendant que le vent triste galope en tuant des papillons 
    moi je t'aime, et ma joie mord ta bouche de prune. 
    Ce qu'il t'en aura coûté de t'habituer à moi, 
    à mon âme esseulée et sauvage, à mon nom que tous chassent. 
    Tant de fois nous avons vu s'embraser 
    l'étoile du Berger en nous baisant les yeux 
    et sur nos têtes se détordre
    les crépuscules en éventails tournants. 
    Mes paroles ont plu sur toi en te caressant.
    Depuis longtemps j'ai aimé ton corps 
    de nacre ensoleillée. 
    Je te crois même reine de l'univers. 
    Je t'apporterai des fleurs joyeuses 
    des montagnes, des copihues, 
    des noisettes foncées, et des paniers 
    sylvestres de baisers. 
    Je veux faire avec toi 
    ce que le printemps fait avec 
    les cerisiers.

    (extrait, L'AMOUR EN RIME) </font />


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  • Marie Laurencin- Apolinaire et ses amis Musée de Baltimore

     

    Les poètes

        Au siècle qui s'en vient hommes et femmes fortes
        Nous lutterons sans maîtres au loin des cités mortes
        Sur nous tous les jours le guillotiné d'en haut
        Laissera le sang pleuvoir sur nos fronts plus beaux.

        Les poètes vont chantant Noël sur les chemins
        Célébrant la justice et l'attendant demain
        Les fleurs d'antan se sont fanées et l'on n'y pense plus
        Et la fleur d'aujourd'hui demain aura vécu.

        Mais sur nos cœurs des fleurs séchées fleurs de jadis
        Sont toujours là immarcescibles à nos cœurs tristes
        Je marcherai paisible vers les pays fameux
        Où des gens s'en allaient aux horizons fumeux

        Et je verrai les plaines où les canons tonnèrent
        Je bercerai mes rêves sur les vastes mers
        Et la vie hermétique sera mon désespoir
        Et tendre je dirai me penchant vers Elle un soir

        Dans le jardin les fleurs attendent que tu les cueilles
        Et est-ce pas ? ta bouche attend que je la veuille ?
        Ah ! mes lèvres ! sur combien de bouches mes lèvres ont posé
        Ne m'en souviendrai plus puisque j'aurai les siennes

        Les siennes Vanité ! Les miennes et les siennes
        Ah ! sur combien de bouches les lèvres ont posé
        Jamais jamais heureux toujours toujours partir
        Nos pauvres yeux bornés par les grandes montagnes

        Par les chemins pierreux nos pauvres pieds blessés
        Là-bas trop [près] du but notre bâton brisé
        Et la gourde tarie et la nuit dans les bois
        Les effrois et les lèvres l'insomnie et les voix

        La voix d'Hérodiade en rut et amoureuse
        Mordant les pâles lèvres du Baptiste décollé
        Et la voix des hiboux nichés au fond des yeuses
        Et l'écho qui rit la voix la voix des en allés

        Et la voix de folie et de sang le rire triste
        De Macbeth quand il voit au loin la forêt marcher
        Et ne songe pas à s'apercevoir des reflets d'or
        Soleil des grandes lances des dendrophores

    Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)


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  • Cette magnifique image a été prise sur le site ANGELSWORD.


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